Opinion publiée le 30 mars 2023 dans le journal 24heures.
Le Conseil national et sa majorité de droite ont voté de manière très claire contre la limitation du sucre dans les aliments et donc pour la liberté de choix et la responsabilisation de la population qui, de son point de vue, va spontanément en diminuer sa consommation… On imagine la satisfaction de ceux qui voient dans l’explosion du diabète et de l’obésité un débouché commercial immense.
Alors que les automates proposant des boissons sucrées se multiplient dans les écoles et les lieux publics et que le nombre de cas d’obésité et de diabète explose, le gouvernement et notre ministre de la santé Alain Berset disent ne plus savoir quelles mesures prendre pour limiter les coûts de la santé (plutôt de la maladie devrait-on dire) et la dérive des primes d’assurance qui, du reste, selon cette même majorité parlementaire, devait se réguler par le mécanisme magique de la concurrence entre les caisses et les prestataires de soins. Parmi les 36 mesures que propose l’association « les Engagés pour la santé » afin de promouvoir un système de santé durable, équitable et accessible à toutes et tous, on trouve une suggestion très simple pour diminuer cette facture : qu’on arrête de fabriquer des malades !
En effet, une partie importante des problèmes de santé sont liés à des facteurs environnementaux et à nos comportements. Une étude récemment conduite à Harvard a démontré le lien direct entre consommation de boissons sucrées chez les enfants et risque de développer une obésité. Quand on sait que la proportion de personnes obèses dans la population a doublé en 25 ans, et que les dépenses de santé liées à l’obésité ont triplé en 10 ans pour atteindre la somme totale annuelle de 8 milliards de francs, soit 10% de nos dépenses de santé, on se dit qu’il serait bien de réagir…
Alors, comment expliquer que le Parlement défende le fait que le taux de sucre dans les boissons sucrées de notre pays soit plus élevé que dans les autres pays d’Europe, bien que son lien avec la survenue de plus en plus précoce et de plus en plus fréquente d’obésité et de diabète soit très solidement documenté ? Même question à l’égard du prix du paquet de cigarettes en Suisse qui est la moitié de ce qu’il est dans les pays où le taux de tabagisme a nettement diminué, alors qu’on sait que fumer augmente le risque de cancer du poumon et de maladies cardiovasculaires ? Nous avons là aussi une hypothèse simple : le marché de la santé est un domaine bien trop juteux pour les assurances, l’industrie pharmaceutique et les prestataires de soins pour qu’on trouve les réponses évidentes à ces questions. Il est urgent que tout ceci devienne un peu plus cohérent, qu’on arrête de se lamenter et que l’on mette en place des stratégies sérieuses de prévention dans le domaine de la santé !